Deux textes clefs pour comprendre la pensée de John Stuart Mill


003858799John Stuart Mill, Principes d’économie politique avec leurs applications en philosophie sociale. Extraits des Livres IV et V, Les Belles Lettres, collection Bibliothèque classique de la liberté, traduction par Jean-Gustave Courcelle-Séneuil et Hippolyte Dussard (1861) dans la version de la 2e édition, présentation par Alain Laurent. En librairie le 14 mars 2016.

 

John Stuart Mill, Sur le socialisme, Les Belles Lettres, collection (Petite) Bibiothèque classique de la liberté, traduction par Michel Lemosse. En librairie le 14 mars 2016.

Premier opus de maturité de l’immense penseur et économiste anglais que fut John Stuart Mill (1806-1873), les Principles of Political Economy with some of their Applications to Social Philosophy ont été maintes fois réédités après leur parution initiale en 1848: ils furent en effet « le traité le plus lu de la période » (Schumpeter). Le lecteur français n’y avait plus depuis longtemps accès, la seule traduction datant de 1864 n’ayant jamais été rééditée. Le présent volume comble cette lacune, en donnant à lire un choix raisonné des textes les plus importants du volume.
J.S. Mill s’y montre classiquement libéral en économie, partisan de la libre concurrence et d’un « laissez-faire » qui doit demeurer la « règle générale » tout en l’assortissant de notables restrictions qui seront sa marque propre et sanctionnent sa rupture avec l’économie politique orthodoxe. S’il y a chez Mill une adhésion claire aux principes classiquement libéraux de l’économie politique, celle-ci est néanmoins corrigée par l’introduction de notables « exceptions » au respect de la « règle générale du laissez-faire » (Livre V). Mill s’éloigne d’Adam Smith et de Ricardo, pour poser les bases d’un libéralisme modérément régulateur, ou « de gauche », comme on dit parfois.

Le lecteur y verra aussi poindre le libéral radicalement réformateur sur le plan social. Dans son chapitre sur l’« avenir des classes laborieuses », Mill prend fait et cause, exemples à l’appui, pour une distribution primaire bien plus équitable des richesses produites, par l’association du capital et du travail, par l’émancipation par l’éducation, ou la promotion des travailleurs en auto-entrepreneurs librement associés.

Idée qu’il poursuit dans son étonnant chapitre sur l’« état stationnaire », où affleurent déjà des préoccupations (malthusiennes) écologiques. Il anticipe les problématiques contemporaines d’une écologie raisonnée et critique d’une croissance démographique sans fin.

Enfin, Stuart Mill préfigure les thèmes émancipateurs, anticonformistes et antipaternalistes, du fameux On Liberty (1859), en faveur d’une pleine liberté individuelle contre l’étatisme, préfigurant en cela d’une dizaine année les thèses clefs de son maître-ouvrage.

Éditeur Les Belles Lettres
Support Livre broché
Nb de pages 222 p.
ISBN-10 2-251-39062-6
ISBN-13 978-2-251-39062-8
GTIN13 (EAN13) 9782251390628

22510100111030LLe second ouvrage constitue une traduction inédite en français des Chapters on Socialism (1879) par Michel Lemosse. Le tout agrémenté d’une présentation par Alain Laurent.

Paru en 1879 sous le titre On Socialism, ce bref texte de John Stuart Mill (1806-1873), inédit en français, est issu de notes rédigées à la fin de sa vie en vue d’un futur livre sur son rapport au socialisme naissant qui l’attire tout en suscitant ses réserves. Cet ouvrage sera finalement publié à titre posthume en 1879, six ans après sa mort. Sous la forme inachevée d’un texte en cinq chapitres, Stuart Mill répond à la question « Est-ce que les constructions théoriques socialistes sont réalisables et bénéfiques ? », et soumet ces « constructions » (où Louis Blanc a la part belle) à un « examen impartial ».

Attentif au sort des « classes laborieuses » depuis la révolution de 1848 et s’aidant de sa méticuleuse lecture de Louis Blanc, Mill exprime sa sympathie pour un « socialisme tempéré », progressif, non autoritaire et décentralisé – et plaide pour le développement d’une économie coopérative, autogérée mais ouverte à la libre concurrence ou à l’association égalitaire entre entrepreneurs et salariés. Il répudie, sans appel, le « socialisme autoritaire » (le communisme).

Mais Mill n’hésite pas à critiquer les déficiences de ce socialisme « tempéré » : idéalisme parfois béat, catastrophisme, incompréhension des vertus de la libre concurrence et risques liberticides (« tyrannie de la majorité », étatisation de l’éducation, …)

Malgré une mise en cause du principe de la propriété privée des moyens de production, Mill reste à distance du socialisme tout en s’affirmant en pionnier d’un libéralisme hardiment réformiste et déterminé à résoudre la question sociale.

Devenu adepte d’un « libéralisme progressiste », le grand penseur libéral demeure très méfiant envers l’État et continue à placer au-dessus de tout la liberté des individus. Aussi apparaît-il dans ces pages comme le préfigurateur de ce qu’on nomme le « social-libéralisme ». D’où le double intérêt de Sur le socialisme : pour l’histoire des idées, et la compréhension des débats qui font notre actualité.

Édition Première édition
Éditeur Les Belles Lettres
Support Livre broché
Nb de pages 160 p.
ISBN-10 2-251-39061-8
ISBN-13 978-2-251-39061-1
GTIN13 (EAN13) 9782251390611

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Bon. Si vous vous êtes retrouvé sur ce blog, ce ne peut être totalement le fruit du hasard. Mais plus probablement parce que vous vous intéressez de près au monde de l’horlogerie. Et si vous vous intéressez au monde de l’horlogerie, il y a forcément des noms que vous ne sauriez méconnaître. Toutefois, comme certains billets de ce modeste blog ont vocation à être repris par des sites plus « grand public », j’ose évoquer des noms qui pour certains feront office de banalités.

Il en est ainsi de Gérald Genta. La star. Que dis-je ? La superstar du design horloger. Il est l’auteur du design de certains (et même de beaucoup) des plus grands emblèmes de l’horlogerie suisse. La Royal Oak d’Audemars Piguet, c’est lui, il l’a imaginé en une nuit. La Nautilus de Patek Philippe, c’est lui. L’Ingénieur d’IWC, c’est encore lui. La Constellation d’Omega, pareil. Sans compter qu’il a…

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