German Pussy


Le buzz de la semaine, c’est le clip de Rammstein immédiatement censuré, German Pussy, sorte d’hommage aux pornos allemands des années 80. Le hic, c’est que musicalement c’est tout juste moyen, Rammstein a fait beaucoup mieux dans le passé, du temps bien évidemment de Sehnsucht, mais aussi et plus récemment du temps de Mutter ou Reise Reise. Il reste que ce morceau, légèrement provocant, sur fond de drapeau teuton, a tout pour plaire au buzz médiatique, qui n’en demandait pas tant. A voir, jusqu’au bout, et à la condition d’avoir 18 ans.

Le clip est visible à cette adresse.

Les Aventures d’Hercule


 15344Tout semble paisible au royaume des Dieux. Zeus, satisfait du travail effectué par son fils, coule aujourd’hui des jours heureux… Bien entendu, cela ne dure pas et quatre Divinités lui volent ses sept éclairs magiques, rompant ainsi l’équilibre de l’univers. Zeus tire en effet toute sa puissance de ces fameux éclairs (au chocolat), et ne peut que se sentir outragé par la méchanceté de ces vilains Dieux renégats. C’est blessé par une telle félonie, que Zeus décide d’avoir recours une nouvelle fois à Hercule pour retrouver les précieuses reliques, rétablir l’ordre et repousser le mal. Les muscles saillants, toujours aussi bien huilés, Hercule va réciter son texte sans se tromper, tout en sachant à chaque fois quelle grimace adapter à chaque ligne de ses puissants dialogues. Parallèlement à cela (deux intrigues pour le prix d’une), Urania et Glaucia partent à la recherche d’un héros capable de stopper le sacrifice des vierges malheureusement très à la mode ces derniers temps. Leur chemin croisera bien entendu celui du musculeux Hercule qui se fera une joie de terrasser les tueurs de pucelles et autres gredins ou assimilés. Comble du hasard, chacun de ces odieux individus libérera, une fois éliminé, l’un des fameux éclairs… C’est Zeus qui sera content.

Je voudrais vous parler d’un des films les plus foutraques de l’histoire du cinéma, l’un des plus évocateurs sinon caractéristiques du n’importe quoi des années 80. Ce film est un mélange de Star Wars, de trukisherie, de mythologie grécoïde, d’aventures palpitantes à la Derrick, de scénario rédigé en service psychiatrie, et de fin psychédélique qui ridiculise aussi bien Boney M que S-Express. On s’attend presque à voir Lou et sa copine aux seins qui pointent se lancer dans un Give me a man after midnight sur le dancefloor. Une hagiographie s’impose, et il faut pour cela remonter un peu l’histoire de ce second opus. En 1983 sort Hercule, incarné par l’inénarrable Lou Ferrigno, l’un des plus mauvais acteurs de l’histoire du cinéma (et du reste des séries télé, voire des pubs pour le maïs complet Géant Vert). Réalisé par Luigi Cozzi, Hercule marque les esprits (je veux dire, ceux de la Cannon, la société de production transalpine du chef d’œuvre susnommé). Tant et si bien qu’icelle décide de remettre le couvert et de réactiver le duo à rendre blême Terence Hill et Bud Spencer, je veux parler bien sûr du duo Cozzi-Ferrigno (y’en a deux qui suivent). Le couvert prendra la forme de Sinbad (le troisième marin le plus célèbre, après Haddock et Cousteau). Sauf que les finances manquent, et la Cannon ne parvient pas à convaincre les investisseurs potentiels parmi les plus âpres au gain (ont-ils contacté Marc Dorcel ? nul ne le saura jamais).

Au pied d’un tel suspense ébouriffant, qui vous tient en haleine j’imagine, que s’est-il donc passé ? hein ? Je laisse la parole à Devildead :

Reste qu’en attendant, cette même Cannon a dans ses cartons un incroyable navet, un film infâme qu’elle n’ose montrer à personne. Ce film, c’est bien entendu Les 7 Gladiateurs, réalisé par l’infernal tandem que forment Bruno Mattei et Claudio Fragasso. En attendant donc que le projetSinbad se débloque, la société de production de Golan et Globus demande à Cozzi de voir ce qu’il peut faire pour sauver Les 7 Gladiateurs. L’idée est alors de demander à Lou Ferrigno de tourner durant deux semaines quelques séquences supplémentaires et alternatives. Cozzi pourra ainsi remplacer quarante minutes d’abjections par quarante nouvelles minutes fraîchement tournées et peut être, enfin, rendre le film acceptable. Cozzi charcute donc le métrage d’origine et n’en conserve que la moitié. L’autre moitié, il la tourne avec un Lou Ferrigno de retour pour l’occasion…

Mais alors que le projet semble prendre une forme définitive, la Cannon change son fusil d’épaule et suggère de profiter de Ferrigno deux semaines de plus pour ainsi avoir un métrage complet ! La totalité des images des 7 Gladiateurs passe donc à la trappe et il en sera de même pour la trame réécrite par Cozzi. Malheureusement, les délais accordés restent insuffisants pour réaliser un film complet et Lou Ferrigno ne sera pas payé puisqu’il n’était supposé tourner que des séquences additionnelles ! Le culturiste tire donc sa révérence pour rejoindre le navire de Sinbad qui vient d’échouer entres les mains de Enzo G. Castellari. Luigi Cozzi a donc en sa possession une série de scènes n’ayant pas de véritable lien entres elles et surtout, il n’a pas de fin pour son film ! L’homme devra donc réaliser un incroyable travail de montage et user de tout son système « D » pour donner naissance au film Les Aventures d’Hercule. Plus qu’une suite, ce nouvel opus des péripéties d’Hercule est donc un magnifique exemple de ce que l’industrie du cinéma peut être amenée à produire pour rentrer dans ses frais… Nous noterons toutefois que cette regrettable expérience sonnera le glas de la branche Italienne de la Cannon, judicieusement nommée «Cannon Italia Srl».

1576271978_74e6e46ae2_oSi vous pensiez y trouver des allusions plus ou moins fidèles à la mythologie, passez votre chemin ! Vous friserez sinon l’apoplexie ! Aux côtés desAventures d’Hercule, le Choc des Titans semble avoir été adapté par Ovide en personne (non, je n’ai pas écrit Ovidie) ! Ici, c’est le choc de l’espace interstellaire, X-Or rencontrant Superman, le tout mâtiné de deux bonnes tranches de Retour vers le futur, de Godzilla et de… tout ce que vous voulez, en fait. Le film n’a aucune structure narrative, à une exception près : si pendant une heure environ les scènes (avec ou sans Lou) se succèdent sans lien apparent entre elles (et je passe sur la lumière, la photo, que ne coïncident jamais, les raccords, les plans qu’on revoit toutes les dix minutes), on sombre dans le plus grand n’importe quoi après. Je passe aussi sur la présence à l’écran de Lou, à peu près équivalente à celle d’une laitue un peu fanée (quoique légèrement stéroïdée). Je passe aussi sur la Gorgone, sur le vilain Poséidon, sur Minos ressuscité, etc. Tout ou presque relève du grand-guignol dans ce film mémorable.

Nanarland ajoute :

Tout cela n’est qu’un prétexte à une succession d’effets spéciaux qu’on pourrait qualifier d’artisanaux si l’on ne craignait d’offenser les artisans, de combats chorégraphiés par un troisième assistant stagiaire démotivé et d’affrontements avec des créatures en plastique qui feraient mourir de honte Ray Harryhausen. En guise de péplum post-moderne, nous avons droit à une pelletée de scènes du type “3 figurants”, “mêmes lieux mais sous un autre angle”, “forêt, carrière & usine désaffectée”. Vous pourrez notamment y admirer Lou Ferrigno se battant avec des hommes de boue mal maquillés, ou se transformant en spermatozoïde marin après avoir avalé une frite magique (oui, je sais… mais il faut voir la scène pour comprendre !).

J’ai apprécié la présence d’un monstre dévoreur de vierges, je le souligne au passage, bien qu’il s’agisse ni plus ni moins que de la créature de la Planète interdite redessinée ! on n’arrête pas un Cozzi en pleine séance de recyclage, plus développement durable que lui tu meurs !

La fin du film, disais-je, revenons-en si vous le voulez bien. Outres les transitions, qui rappellent assez agréablement celles de Star Wars, il y a à la fin du film un combat entre Hercule et Minos, qui commence comme un combat entre chevaliers Jedi, se poursuit en séance disco façon Tron pour in fine céder la place à l’incroyable, à l’impossible, à l’inimaginable. Là encore, citons Devildead :

une chose à laquelle le spectateur n’était bien évidement pas préparé et qui le sortira fort brutalement de sa torpeur. Définitivement privé de son culturiste Herculéen, Cozzi décide tout simplement de poursuivre le duel spatial sous la forme d’un dessin animé expérimental d’une incroyable laideur ! Mais le plus fou reste à venir car, libérés de leur enveloppe physique, nos combattants peuvent maintenant épouser différentes formes. C’est ainsi que Minos opte pour une apparence de tyrannosaure puis de serpent géant et que Hercule, pour sa part, devient un gorille !

A ce propos, Cozzi répond :

Je devais notamment trouver une façon d’avoir Ferrigno pour la fin, sans tourner avec Ferrigno (rires) ! C’est devenu alors cette espèce de dessin animé expérimental. Les Aventures d’Hercule est un film dingue.

1575382313_c7f1e32ed8_o1Luigi, qui a toute ma sympathie, est néanmoins, je dois bien le dire, un peu gonflé sur ce point. Cette scène finale, où l’on voit King-Kong se battre contre un tyrannosaure est tiré du VRAI King-Kong de 1933 et rotoscopé à partir de l’original. Toute la séquence est celle du combat de la version de 1933. Développement durable, là encore.

Qu’ajouter sur ce film ? l’histoire est inexistante, la trame scénaristique est celle d’un puzzle maintes fois recomposé, et c’est sans conteste l’un des films les plus fous et les plus bordéliques du cinéma italien, qui pourtant n’en manque pas. Un film d’une si grande nullité que même Audrey Tautou aurait pu y jouer ! Associer des images à la laideur insupportable, aux couleurs plus criardes qu’une robe d’Yvette Horner, à des acteurs aussi époustouflants de cabotinage que Lou, à des vierges aux tenues à peine affriolantes (un mauvais point ici, le cinéma de genre italien nous a réservé bien mieux), ne passe pas inaperçu. Cozzi ne suit aucunement le récit traditionnel, si ce n’est au énième degré, ni d’ailleurs quelque récit que ce soit, et nous sert au contraire un mauvais gloubiboulga d’heroïc-fantasy, assaisonné de couleurs kitsch (on se croirait parfois dans un vieux clip disco !) et d’effets spéciaux dignes de Bioman. Affublés de tenues de Mardi-gras aux couleurs pimpantes et de maquillages pailletés ou multicolores, les comédiens semblent davantage sortis d’un nouveau « Rocky Horror Picture Show » que d’une mythologie grecque, même revisitée (dixit Nanarland, que je plussoie).

Un must vous dis-je, dont vous découvrirez le trailer ici ! A découvrir ou à redécouvrir en famille pour une bonne tranche de rire copeauesque !

Narcisso Show


 

9044200Je viens de tomber par hasard (un vrai hasard, pour une fois) sur un site perso centralisant toutes les vidéos de la première saison de Narcisso Show, la fausse émission animée par Jacky Nercessian, Le Narcisso Show était une rubrique de l’émission Venus TV qui passait sur M6 en 1990. Une voix off disait à chaque début :

“Vous lui avez peut être écrit pour qu’il recherche une amie perdue où une passante inconnue ? Va-t-il la retrouver ? Voici, en direct du studio 109, Jean-Patrick Narcisso et son Narcisso Show”

Et c’est comme ça qu’une fille venait effectuer un striptease (parfois intégral) sur le plateau télé de cette pseudo-émission maniant l’humour au deuxième degré, ce qui tout de même est bien rare dans ce genre artistique..

Queensrÿche, Operation:Mindcrime et la Revolution is Calling


 

queensryche1Je vous parle enfin, et comme promis, de Queensrÿche, groupe que – je l’espère ! – nombre d’entre-vous ne connaissent pas, même si je ne doute pas un seul instant qu’il y a parmi les fidèles lecteurs et commentateurs de ce blog des fins connaisseurs du métal, et de la musique en général. J’espère que beaucoup d’entre-vous ne connaissent pas Queensrÿche pour avoir le plaisir et l’honneur de vous faire découvrir ce groupe majeur du métal progressif des années 80 à nos jours.

D’emblée, je place au frontispice de ce billet l’incroyable et inoubliable logo du groupe, l’un des plus réussis que je connaisse. Je devrais même penser à le réutiliser dans un projet quelconque, pour le fun. Aussi inquiétant qu’un logo de black métal, aussi beau qu’un logo commercial, aussi underground qu’un logo de batcave, il incarne à lui seul tout l’esprit si particulier du groupe.

Queensrÿche est américain, vient du nord de la côte ouest, Seattle, zone pourtant plus propice au rap qu’au métal. Je parle tout de suite du tréma sur le y, qui n’existe dans aucune langue connue ; ne cherchez pas sa signification, je crois qu’il n’en a aucune. Chris DeGarmo et Michael Wilton, deux copains d’enfance guitaristes, décident de former un petit groupe à l’orée des eighties. Le duo recrute alors des amis d’école, Geoff Tate, Eddie Jackson et Scott Rockenfield.

Je n’ai jamais vraiment intégré qui est qui dans ce groupe, mais je dois dire que le front line du groupe, c’est-à-dire Chris et Geoff, ont un style et un look de dandys qui n’est pas sans rappeler celui des goths de la grande époque. Bref, après avoir peaufiné leurs chansons pendant près de 2 ans, le nouveau groupe – qui s’appelait encore The Mob – enregistre, produit et met sur le marché une cassette – démo de 4 chansons. La cassette se met à circuler dans le nord-ouest américain ainsi qu’au Canada. C’est ainsi qu’EMI produit leur premier album intitulé sobrement Queensrÿche, nom que le groupe lui-même prend en référence à la chanson phare de sa démo : Queen of the Reich. Cet album atteindra la 81e position du Billboard. Ensuite, le groupe réalise 2 autres albums qui connaîtront plus ou moins de succès: the Warning (en 1984) et Rage for orderThe Warning a été produit par James Guthrie, qui a travaillé pour Pink Floyd et Judas Priest. Il contient, je crois, les premiers éléments progressifs du groupe, qui marqueront son style depuis lors.

Je dois dire que, malgré les recommandations de mes amis lecteurs, BlackJack en particulier, je ne connais aucun de ces albums, et notamment pas RoO, qu’il a pourtant fortement conseillé. Il faudra donc que je me documente.

Je saute quelques années, je reviendrai un peu plus bas sur la période tournant autour de l’année 1988, sans doute le zénith de la carrière de ce groupe.

Empire sort en 1990. C’est un album très populaire qui se distingue sur les palmarès britanniques. La chansonSilent lucidity sera d’ailleurs un énorme tube aux Etats-Unis, ce qui ne laisse pas de me surprendre, tant je trouve cette chanson totalement insignifiante, sur un album certes pas terrible mais qui recèle tout de même en son sein une chanson éponyme que je trouve remarquable, tant pour la musique bien sûr, que pour le texte, qui dénote dans le monde magique des bisounours et du hard rock d’hier comme d’aujourd’hui. Un petit extrait s’impose :

Johnny used to work after school
At the cinema show
Gotta hustle if he wants an education, 
He’s got a long way to go.
Now he’s out on the street all day
Selling crack to the people who pay.
Got an AK-47 for his best friend,
Business the American Way.

 

Ms je dois bien reconnaître que mis à part quelques passages fameux, la power-ballade Anybody Listening ?Par exemple, cet album est un petit bide. Et du reste, la scoumoune poursuivra Queensrÿche puisque les albums suivants, malgré un succès commercial non négligeable (au moins au début, les choses iront rapidement décroissant), feront progressivement fuir les fans de la première heure, ceux qu’un album mythique, un concept-album, a renversé : Operation:Mindcrime.

Ce sera le cas du pourtant pas nul Promised Land, qui devient à sa sortie en 1994 un succès commercial grâce à son immense masse d’admirateurs. Il devient aussi l’album qui atteint les plus hauts niveaux au palmarès pour le groupe, il grimpe jusqu’en 3ème position du Billboard 200. La classe. Il comprend quelques très très bonnes chansons, Promised Land justement, mais encore le morceau triste, intimiste, joué au seul piano Someone Else ?

Ce sera surtout le cas des albums suivants : Hear in the now frontier (1996), Q2K (1999), et enfin Tribe (2003). Chris DeGarmo, pourtant membre fondateur du groupe si vous avez bien suivi, s’est d’ailleurs séparé de ses anciens camarades pour poursuivre une carrière de pilote professionnel, à la François Fillon quoi.

J’en reviens donc à cette fameuse année 1988, celle de Seventh Son of a Seventh Son de Maiden, de …And Justice For All de Metallica, du premier album de Skid Row et de tant d’autres. C’est cette année que sortit un album majeur, encensé par la critique, le public, les fans, Operation:Mindcrime. J’ai dit il y a peu que c’était peut être l’album que j’avais le plus écouté de toute ma vie, et je suis certain de ne pas être le seul. Loin de là.

C’est un concept-album, qui donc raconte une histoire formant un tout cohérent depuis la première note jusqu’à la dernière. On peut sans problème le comparer à The Wall de Pink Floyd ou à Tommy des Who, ce qui n’est pas un mince compliment. Operation:Mindcrime raconte l’histoire d’un junkie (perhaps he needs another shot ! you’re a bastard) qui est manipulé pour commettre des assassinats pour un mouvement underground ; l’accro est déchiré entre sa loyauté pour la cause et son amour pour une ex-prostituée devenue sœur.

Cet album a la particularité incroyable de ne comprendre aucun hit, aucun morceau d’anthologie qui pourrait à lui seul crever le plafond des charts. Pourtant il déchire grave. C’est, comme le dit Jerome Morrow, une énorme claque et ce dès la première écoute ! Queensrÿche a su créer une atmosphère totalement à part, et c’est vrai aussi de leurs clips que je vous invite à regarder, indéfinissable, et tellement attirante. Toutes les chansons de cet album sont des merveilles, sans aucune exception. Au-delà de l’histoire, les textes (que je vous invite à lire) sont bien plus intelligents que ceux de la plupart de leurs concurrents. On y aborde crûment des sujets de société, d’un œil très critique vis-à-vis du modèle américain et du règne de l’argent, qui dénote vraiment par rapport à tout ce à quoi on pourrait légitimement comparer Queensrÿche. C’est vrai aussi des albums suivants, par exemple Empire, qui n’hésite pas à parler d’environnement et de gun control. Je soupçonne d’ailleurs nos amis de Seattle d’être des gauchistes larvés, à la sauce yankee évidemment.

Cet album comprend d’ailleurs, comme tout bon concept-album, des passages parlés, on entend à plusieurs reprises la présence de Suite Sister Mary. Bref, je ne sais que vous dire de plus que de courir vitesse grand V vous procurer ce fabuleux album et venir exposer ici ce que vous en avez pensé. Ecoutez juste Eyes of a Stranger, Revolution Calling, Spreading the Disease ou the Needle Lies, et vous comprendrez.

Pour l’anecdote, le dernier album du groupe à ce jour, qui date de l’an dernier, s’intitule Operation:Mindcrime II, et est une suite de l’illustre album, censée expliquer des points obscurs du premier volet, et répondre à nombre de questions. Autant vous le dire de suite : c’est un album franchement dispensable, en tout point identique au précédent en un sens, mais avec le génie en moins. C’est triste à dire, mais, à la différence de la compétence ou de l’expérience, la créativité artistique qui, à l’instant t peut habiter un individu, peut le quitter l’instant d’après. Elles sont nombreuses les victimes de dame Destinée.

Keeper of the Seven Keys


 

keeper-of-the-seven-keys-part-iiVoilà longtemps, je crois bien, que je n’ai abordé les questions musicales. C’est du reste un thème qui n’est pas très présent sur ce blog, bien qu’il constitue une part importante de ma vie (je parle vraiment à la première personne, mais c’est le principe du blog, non ?). Je voudrais donc évoquer brièvement un vieux souvenir des eighties, d’une époque où le commun des mortels, en France en tout cas, admirait Orchestral Manœuvres in the Dark (dont le maître-album vient d’ailleurs d’être réimprimé, avec une superbe plage DVD), adorait Depeche Mode, se pâmait devant U2, bavait en écoutant Indochine, dansait sur New Order. J’aime beaucoup, aujourd’hui, tous ces groupes, mais à l’époque, j’étais un rebelle, un vrai. Un dur, un tatoué. J’étais donc un hardos, ou, si vous préférez, un métalleux, pour prendre une formule plus contemporaine. Cheveux longs, cuir élimé aux manches, recouvert d’un blouson en jean aux manches déchirées, émaillé de divers badges (mon préféré : Dee Snyder, le chanteur glamisé au far trop prononcé de Twisted Sister), patches (dont le Ride the Lightning de Metallica) et autres dessins funesto-anarchistes, un pantalon beaucoup trop serré, voilà quel était ma soutane usuelle.
A cette époque, donc, mes références musicales s’appelaient incontestablement Iron Maiden, dans une moindre mesure Metallica, et loin derrière AC/DC, pour citer quelques noms parmi les plus connus. Le Heavy Metal était mon Walhalla, Saxon, Accept, Mötley Cruë, Skid Row, Manowar, Twisted Sister, W.A.S.P. ou Alice Cooper mes divinités, Kerrang!Metal HammerHard Force et Hard Rock Magazine mon pain quotidien.
Hormis tous ces groupes, il y en a au moins un autre que je me dois de citer, tant il m’a marqué. Si je devais faire le bilan des albums que j’ai le plus écouté, je crois que c’est l’un des albums de ce groupe qui remporterait la pole position. Il dépasse dans mon cœur et dans ma mémoire Somewhere in Time, de Maiden, Metal Heart, d’Accept, ou encore Operation Mindcrime, de Queensrÿche.
L’album auquel je fais allusion, c’est Keeper of the Seven Keys – part II. Le groupe, allemand, s’appelle Helloween.
Si vous ne connaissez pas ce groupe, il est temps d’aller faire un tour sur YouTube ou RadioBlog. Si vous ne connaissez pas cet album, courez vous le procurer.
Helloween, musicalement, c’est un peu du speed metal. Autrement dit, à l’instar de Somewhere in Time, du métal aussi rapide que du punk, et souvent structuré de la même manière, avec des refrains entêtants. Fast as A Shark d’Accept a sans doute été le premier avatar de ce nouveau style, sur l’album Restless and Wild, qui date de 1983 je crois. Helloween, c’était le groupe phare de Hambourg, comme les Scorpions étaient le groupe phare de Hanovre. Qui a au moins deux caractéristiques : l’excellence de la voix de son chanteur, Michael Weikath, qui monte très haut dans les aigus, un peu à la manière de Judas Priest, et la qualité des compositions du célèbre guitariste Kai Hansen.
Sur l’album Keeper of the Seven Keys – part II, Hansen et Weikath, aidés de Michael Kiske, réalisent un sans-faute. La qualité, mais aussi la variété des chansons, est au rendez-vous. Après une introduction intituléeInvitation, proche de la musique classique, et qui n’est pas sans rappeler l’introduction de Metal Heart, Weikath enchaîne sur l’un des meilleurs morceaux de l’album, Eagle Fly Free, qui porte bien son nom tant il est aérien. Un peu plus loin, on trouve Dr. Stein et We Got the Right. Je me souviens fort bien du premier de ces deux titres, j’avais même un T-shirt représentant une citrouille (évidemment, l’emblème incontournable de Helloween) à moustache, singeant Einstein. Je crois, au passage, que l’illustrateur de Helloween était un Français. Ceci montre aussi un trait particulier de ce groupe, qui n’a jamais hésité à faire preuve de beaucoup d’humour. Je me souviens du clip d’I Want Out (également présent sur cet album), où Michael avale un Kai courant dans un couloir d’hôpital et mort de rire. La pochette du single représentait d’ailleurs la citrouille pointant du doigt, à la manière de l’Oncle Sam, en s’écriant « I Want Out ! ». Il faut encore évoquer March of Time, morceau génial quoique assez proche je trouve de Eagle Fly Free, et bien sûr le titre éponyme, long de presque 14 minutes, au refrain inoubliable.
Je ne pourrai jamais compter le nombre de fois que j’ai pu écouter cet album. C’est un must absolu.
Du même groupe, je n’ai par ailleurs que le dispensable Pink Bubble Go Ape, et le best of intitulé joliment The Best, The Rest, The Rare. Et qui reprend bon nombre des titres que je viens de citer.
J’ignore ce que ce groupe est devenu aujourd’hui, même si je doute évidemment qu’il existe encore. Kai Hansen, en tout cas, est parti pour une carrière solo et un nouveau groupe, Gamma Ray. Je vous conseille de ce dernier l’album Powerplant, qui ressemble à s’y méprendre à du Helloween (un peu comme U.D.O. ressemble au vieil Accept), et qui comprend notamment une reprise décapante d’It’s a Sin des Pet Shop Boys. Je crois que c’est Derek Riggs, l’illustrateur attitré de Maiden dans les eighties, qui a réalisé l’excellente pochette de cet album.
J’adore parler de ce qui n’est pas, mais alors pas du tout à la mode ; je crois bien que là, en effet, j’ai réussi mon pari. La prochaine fois j’essaierai de vous parler de Queensrÿche, groupe lui aussi injustement méconnu en nos contrées.